Privée de son trafic et de ses millions d’automobiles, la ville de Mexico serait certainement aussi agréable à vivre que nombreuses de nos grandes capitales européennes. Comme le précise cet article (en espagnol), ce n’est pas le nombre d’automobilistes qui rend le trafic infernal, mais l’utilisation qu’ils ont de leur voiture au quotiden. Héritée des Etats-Unis, la culture de l’automobile est très forte au Mexique. Il paraîtrait que le vélo est une mode à Mexico. Ecobici serait-il le cheval de bataille en Amérique latine de la transition vers des systèmes de transports écologiques ?
Qu’est-ce que l’Ecobici ?
Les ecobicis de Mexico (vous aurez compris qu’en espagnol, « bici » se traduit par « vélo ») sont en réalité assez récents : c’est en février 2010 que les premiers ecobicis furent mis en service dans le centre-ville. Pour comparaison, le vélib parisien vit le jour en juillet 2007. L’ecobici est pourtant le premier système de vélo en libre-service mis en place en Amérique latine. S’en suivirent plusieurs projets dans les capitales brésilienne, chilienne et argentine, ou dans d’autres grandes villes comme Medellín, en Colombie. Le système de vélo en libre-service de Buenos Aires porte d’ailleurs le même nom. L’Amérique latine n’en est qu’à ces balbutiements en terme de vélo en libre-service et le DF mène la marche. Mexico serait-elle vouée dans le futur à devenir une ville comme Amsterdam, Bruxelles ou Berlin, où le vélo tient une place prépondérante dans les transports ?
275 stations, plus de 120 000 usagers réguliers et 15 millions de trajets effectués : en quelques années, les chilangos, petit nom donné aux habitants de Mexico City ou du DF (Distrito Federal), ont bien démarré leur passage au vélo. La pratique de l’Ecobici est pour l’instant restreinte au centre-ville et à quelques quartiers résidentielles. Cela prendra des années à équiper toute la ville, rappelons-le, considérée aujourd’hui comme la seconde plus grande du monde après Tokyo.
Carte intéractive des stations d’ecobicis à Mexico DF : lien
Station Ecobici d’Alamada
Station Ecobici, près du Monument à La Révoluton
Station Ecobici sur la Reforma
Pour ma part, je suis plutôt partisan d’un modèle plus simple : le vélo gratuit pour tous. J’ai pu bénéficier de ce dispositif lors de mon séjour de quelques mois à Angers. Une preuve de résidence et un dépôt de garantie suffisent à obtenir gratuitement un vélo dans le chef-lieu du département de Maine-et-Loire. Ce système est bien plus facile à gérer (pas besoin de bornes) et ne demande pas d’investissements aussi conséquents que les modèles de libre-service. Il est aussi une source non-négligeable d’emplois locaux. En 2008, le gouvernement français a régalé de 6 milliards d’euros l’industrie automobile du pays. Cette somme aurait suffit à offrir un vélo à tous les Français… Mais revenons-en au Mexique.
Les programmes de vélo en libre-service ont l’avantage d’introduire de manière durable le vélo dans une ville. On observe un phénomène dans toutes les villes qui optent pour ce système : leurs habitants utilisent de plus en plus le vélo, s’aperçoivent rapidement de ses bienfaits et optent petit à petit pour le vélo personnel. De plus, ces programmes sont généralement accompagnés par le développement de pistes cyclables. C’est d’ailleurs le cas au DF. L’avenue de la Reforma n’est pas la seule avenue équipée en pistes cyclables.
Les ecobicis sont de très bonnes bécanes
Dunkerque, Lille, Paris, Bruxelles, Londres… j’en ai testé des vélos en libre-service et franchement, le modèle utilisé à Mexico n’a rien à envier à ses homologues européens. Sa distinction la plus flagrante réside dans sa petite taille, notamment celle de la roue avant. Le cadre du vélo est également très bas, comme les modèles classiques de vélos citadins pour femme. Cela permet premièrement aux ecobicis d’être très légers. Cette petitesse lui confère également une certaine maniabilité très agréable. Le guidon est assez haut, la hauteur de la selle est réglable et l’engin compte 3 vitesses que l’on passe de manière classique sur le guidon, ce qui est suffisant pour une conduite en ville. La première vitesse permet de prendre une allure assez rapide sur les grandes avenues. Le Gouvernement du District Fédéral a fait du bon travail : l’ecobici est pour l’instant un des meilleurs vélos publiques que j’ai pu tester.
Zoom sur l’Ecobici
Vue sur le guidon
Prix et modalités des ecobicis
Mis à part l’abonnement, l’utilisation d’un ecobici est gratuite les 45 premières minutes. Après la première heure d’utilisation, chaque nouvelle heure vous sera facturé 35 pesos mexicains. Pour les abonnements temporaires, une garantie de 5000 pesos par empreinte électronique (soit environ 280 euros) sera faite sur votre carte bancaire. Voici les tarifs des différents abonnements :
- abonnement d’un jour : 90.00 pesos (env. 5 euros)
- abonnement de 3 jours : 180.00 pesos (env. 10 euros)
- abonnement de 7 jours : 300.00 pesos (env. 17 euros)
- abonnement pour une année : 400.00 pesos (env. 23 euros)
Il est possible de s’enregistrer et payer en ligne sur le site officiel Ecobici, mais vous devrez dans tous les cas vous rendre dans un des centres Ecobici de la ville pour obtenir votre carte magnétique d’abonnement.
C’est d’ailleurs le gros problème du système Ecobici à Mexico : contrairement à la majorité des dispositifs similaires en Europe, il est impossible de payer directement avec sa carte bancaire sur la borne de la station de location. Vous devez tout d’abord vous abonner dans un centre Ecobici. La ville en compte encore peu (5 d’après le site officiel). Si vous êtes de passage à Mexico en tant que touriste, vous devrez vous munir d’un passeport et d’une carte de crédit pour vous abonner.
Voici la liste des centres Ecobici :
- Ouverts du lundi ou vendredi, de 9h à 18h et le samedi, de 10h à 14h :
– Nuevo León 78, Col. Condesa, Delegación Cuauhtémoc CP 06100
– Rosas Moreno 152B, Col. San Rafael, Delegación Cuauhtémoc CP 06470 - Ouvert du lundi au vendredi, de 10h à 12h et de 13h à 18H, et les samedis et dimanches de 10h à 16h :
– Camellón de Reforma frente a Reforma 222
– Miguel de Cervantes Saavedra esquina Presa Flacón, frente a museo Soumaya*
[*ouverts tous les jours sauf le dimanche]
Notons aussi qu’entre 00h30 et 6h du matin, les vélos ne sont pas disponible à la location…
Lorsque que vous aurez obtenu votre abonnement, ne manquez pas chaque dimanche matin, entre 8h et 14h, de participer au programme Muévete en Bici (littéralement, « bouges-toi en vélo »). Vous aurez alors le bonheur de traverser sans concurrents motorisés la plus célèbre des avenues mexicaines : La Reforma.
Avenue de la Reforma, lors d’un évenement Muévete en Bici (Lien de la page facebook)
Bonjour,
J’ai aussi eu l’occasion de tester plusieurs vélo « citadin » (Paris, Lyon…etc) et j’avoue que cette formule est très pratique et facile d’utilisation. C’est une très bonne chose que cela se disperse un peu partout dans le monde. En revanche, concernant l’ecobici, la formule reste tout de même assez contraignante si l’on est obligé de s’inscrire en amont pour avoir accès à la location….
Je ne sais pas pourquoi ils n’ont pas tout de suite pensé aux systèmes qui marchent par carte bancaire. C’est peut-être pour des raisons de sécurité, de cartes volées ou falsifiées…
Il s’agit du même vélo que le « bicing » à Barcelone. Et pour l’avoir utilisé plusieurs années, je confirme qu’il est très bon, surtout par rapport au Velib… J’image que c’est la même boite qui gère Barcelone et DF, parce qu’à BCN non plus, pas de possibilité de payer par carte à la borne.
Salut Gaelle et bienvenue sur mon blog.
J’ai entendu dire que certaines bornes commençaient à être équipées de paiment par carte. J’espère que ça va se développer, car c’est quand même plus pratique.