Je reçois aujourd’hui Erwan Le Tallec, chef de projet web de la société de portage salarial ITG. Le portage salarial dispose d’avantages intéressants par rapport aux statuts classiques d’entrepreneurs et je voulais savoir s’il convenait aux travailleurs mobiles, qui exercent une partie de l’année à l’étranger.
Erwan me confirme dans cette interview que le portage salarial est bien adapté à la mobilité internationale. La cumulation avec d’autres statuts comme celui d’auto-entrepreneur est également intéressant. Voici les réponses d’Erwan à mes questions :
Bonjour Erwan. En quoi consiste le portage salarial ?
Le portage salarial est une nouvelle forme d’emploi, qui permet de bénéficier à la fois de la liberté associée à une activité indépendante, et de la sécurité du statut de salarié.
3 acteurs collaborent : l’entreprise de portage, le salarié porté et l’entreprise cliente de ce dernier. Dans cette logique, le salarié porté trouve des missions en autonomie, à la manière d’un indépendant.
L’entreprise de portage gère à sa place sa facturation, moyennant un pourcentage (environ 10%) sur son chiffre d’affaires.
Avez-vous beaucoup de clients qui étaient auto-entrepreneurs auparavant ?
Précisons d’abord qu’il est tout à fait possible pour un auto-entrepreneur de cumuler avec le portage s’il a dépassé le chiffre d’affaires annuel autorisé (32 900 €). Le portage lui permet alors de continuer à facturer ses prestations.
Bon nombre d’auto-entrepreneurs ont recours au portage salarial pour avoir un statut gérable plus facilement vis-à-vis de leurs clients, et ainsi avoir la possibilité de facturer de la TVA.
Par différence avec l’AE, les grands groupes apprécient que leurs prestataires externes appartiennent à des structures organisées pour se prémunir contre une requalification du contrat de travail, mais aussi du fait de la crédibilité de la structure qui est leur prestataire. Il est préférable pour elles d’avoir affaire à une organisation plutôt qu’à un particulier.
Enfin, l’auto-entrepreneur a ses contraintes. Par exemple, la gestion de son RSI. La gestion proposée par la société de portage leur est profitable et leur laisse plus de temps pour se concentrer sur les missions et la prospection. Pour cela, ils sont bien souvent prêts à sacrifier 10% de leur chiffre d’affaires.
Pour un AE qui dépasse les seuils de CA, quels sont les avantages du portage par rapport à l’EURL ? Est-ce plus économique ?
Dans une EURL, le gérant paye un tiers de son bénéfice en impôt sur les sociétés puis paye son impôt sur le revenu. Avec le portage salarial, les frais de gestion et le statut de salarié (cotisations patronales et salariales) sont inclus dans un global.
Le salaire net en portage se calcule de la façon suivante :
Chiffre d’affaires HT – 10% prélevés par ITG – charges patronales et salariales.
Si bien qu’avec le portage, vous êtes intégralement couvert et vos frais pris en charge pour moins de 50% du chiffre d’affaires.
Dans une EURL, le gérant ne bénéficie pas des avantages liés au régime social des salariés et des avantages associés en terme de couverture sociale (chômage / maladie) ou encore de cotisation pour la retraite. Il est obligé de cotiser à d’autres régimes de retraite.
Ces 2 statuts sont différents et faire le bon choix dépend surtout de nos objectifs.
- Soit on choisit d’être salarié pour bénéficier d’un environnement professionnel ;
- Soit on fait le choix d’être totalement indépendant et de supporter les contraintes associées, par exemple la gestion de sa comptabilité.
Beaucoup de mes lecteurs et de mes clients passent une grande partie de leur temps à l’étranger. Le portage salarial est-il adapté à la mobilité internationale ?
Le portage salarial est en effet adapté à la mobilité internationale, que le client soit une entreprise étrangère ou française, que la mission ait lieu à l’étranger ou en France. Il permet à un expert de bénéficier du régime salarial français alors qu’il exerce à l’étranger et des avantages associés : couverture sociale (maladie, chômage) ou encore cotisation aux régimes de retraite.
Le consultant est détaché pour effectuer sa mission, mais il reste salarié et dépend du régime français. Le portage salarial ne peut, par ailleurs, pas être utilisé pour de l’expatriation.
Concernant l’entreprise cliente, ce système lui évite d’avoir à embaucher par la création d’un poste permanent. Elle s’épargne donc les contraintes associées.
Pour une mission à l’étranger, il est essentiel de choisir une société de portage spécialiste de votre domaine d’activité : vous devez avoir la garantie qu’elle sera en mesure de fournir les certifications nécessaires vous permettant d’exercer.
En choisissant une entreprise de portage salarial française, vous bénéficiez des indemnités associées au statut d’expatrié ou de grand déplacement. Vous avez également la certitude que votre argent sera rapatrié en France, puisque la société de portage salarial française émet sa facture depuis la France.
Choisir le portage salarial pour une mission à l’international offre donc à la fois de la simplicité et de la sécurité.
En tant que “salarié porté”, peut-on déduire des frais ? Y a t-il des limites à ces frais ?
La déduction et la gestion des frais est tout à fait possible en portage. Les frais liés à la mission sont refacturés au client en plus des frais de fonctionnement liés à l’activité du consultant.
Dès lors que chaque mois, je me verse mon salaire conventionnel à minima, le reste peut servir à verser un complément de salaire et/ou mes frais professionnels.
Faisons une rapide étude de cas : imaginons que je génère un CA de 3000 euros par mois et j’ai 500 euros de frais mensuel. Si je suis AE, je vais donc cette année dépasser le plafond autorisé par la loi. A combien puis-je estimer mon salaire mensuel en tant que « salarié porté » ?
En partant de cet exemple :
Nombre de mois | 12 |
Nombre de jours par mois | 10 |
Honoraires journaliers hors TVA | 300 euros / jour |
Frais facturés par jour (intégrés aux revenus) | 25€ |
Frais de fonctionnement (intégrés aux revenus) | 25€ |
Mensuellement, le salaire s’élèverait dans ces conditions à 1733,73€ (si les frais sont pris en charge).
Pour d’autres configurations, vous pouvez utilisation notre outil de simulation en ligne : http://www.itg.fr/services-consultant/simulation-salaire.html
Comment le salaire est-il calculé ? Au mois, au trimestre ?
Nos consultants déclarent chaque mois leur activité pour les jours de mission et de développement (prospection, formation). C’est cette déclaration d’activité qui déclenche le versement du salaire.
Cette déclaration mensuelle est une contrepartie de l’autonomie que nous offrons à nos consultants.
Merci Erwan pour ces réponses précises.
Plus d’informations sur le portage salarial :
Pour plus de renseignements sur le portage salarial, rendez-vous sur www.itg.fr ou sur notre blog www.leportagesalarial.com.
Si vous avez une question pour Erwan, remplissez le formulaire ci-dessous. Vous obtiendrez une réponse dans les meilleurs délais :
C’est le genre de questions qu’on se pose tous… et auxquelles on trouve peu de réponses. Merci pour ce post utile. Une question: cumuler AE + portage est aussi possible en résident en France je suppose?
Salut André.
Le portage est réservé aux résidents français. Faut donc passer 6 mois en France.
Intéressant, donc on peut cumuler AE et portage en même temps ?
Et on peut faire passer en portage n’importe quelle « facture » ?
Faudrait demander à Erwan. Faut-il différencier les 2 activités ? Je ne sais pas…
Par exemple, vente de produits numérique en AE et consultant pour le portage.
Il est effectivement possible de cumuler auto-entrepreneuriat et portage salarial, par exemple lorsqu’on veut continuer à facturer en ayant dépassé le seuil des 32 900€ de chiffre d’affaires par an. L’exemple évoqué par Kalagan marche aussi : on peut tout à fait utiliser le portage salarial pour la partie conseil et vendre des produits numérique sous le régime de l’auto-entrepreneur.
En revanche, on ne peut pas faire passer n’importe quelle facture en portage. Le portage salarial permet la facturation de prestations intellectuelles. Chez ITG, nous avons privilégié la facturation vers des organisations (privées / publiques).
Article très intéressant, je ne connaissais pas ce modèle de travail. Actuellement nous sommes à l’étranger, mais si un jour on revient en France, je pense que c’est un modèle qui me plairait bien. Merci pour les infos !